OPT-CPS projet au Nigeria
Facilitateurs et obstacles à l'adoption du programme de chimioprévention du paludisme saisonnier au Nigeria : une approche méthodologique mixte

Adoptée au Nigeria en 2014, la CPS a été mise en œuvre dans 18 États en 2021, pendant quatre mois entre juin et octobre, par 143 000 distributeurs communautaires de médicaments auprès d'une population cible de 23 millions d'enfants. Compte tenu de cette expansion massive, le programme national d'élimination du paludisme a entrepris une étude qualitative dans cinq États peu après la campagne de 2021 afin de comprendre la position des communautés vis-à-vis de la CPS, de sorte que ces perspectives puissent servir à la planification future de la distribution de la CPS au Nigeria.
Dans 20 circonscriptions de cinq États, représentant des zones urbaines et rurales caractérisées par des taux de couverture de la CPS faible ou élevé, des groupes de discussions ont été organisées les parents ou gardiens d’enfants et des entretiens approfondis ont été menés avec des leaders communautaires et des distributeurs communautaires de médicaments. D'autres entretiens ont également permis d'échanger avec des responsables de la lutte contre le paludisme au niveau des collectivités locales et des États, ainsi qu'au niveau national avec le coordinateur du PNLP et des représentants des partenaires participant à la CPS au Nigeria.
Dans toutes les régions étudiées, le paludisme est considéré comme un problème de santé majeur et la CPS s'est largement imposée comme une mesure préventive essentielle. Les distributeurs communautaires de médicaments jouissent de la confiance de la plupart des les parents ou gardiens d’enfants qui apprécient leur travail. Ces derniers préfèrent que la CPS soit distribuée en porte à porte plutôt que d'avoir à se rendre dans les points de distribution. Ils peuvent ainsi poursuivre leurs activités quotidiennes, mais aussi disposer de davantage de temps pour que le distributeur communautaire de médicaments leur explique comment administrer les traitements et les informe des effets indésirables. Parmi les obstacles identifiés, citons les effets secondaires perçus, le manque de compréhension de l'intérêt de la CPS, le mauvais accueil qui leur a été réservé par certains distributeurs communautaires de médicaments et la perception par certains les parents ou gardiens d’enfants selon laquelle les médicaments seraient inefficaces voire dangereux. Les informateurs clés et les les parents ou gardiens d’enfants ont signalé que la CPS étaient limitée par des pénuries de médicaments, les stocks s'épuisant avant que tous les enfants de la communauté n'aient été traités. Dans l'ensemble, la CPS s'est largement imposée, mais des stratégies doivent être mises au point afin de surmonter les obstacles spécifiques et d'améliorer sa mise en œuvre et son adoption.
Parmi les recommandations formulées, citons la nécessité de renforcer la communication sur la sécurité et l'efficacité de la CPS, le recrutement de distributeurs au sein de la communauté locale, la mise à contribution de davantage de coordinateurs de pharmacovigilance aux niveaux national et des États, et un respect plus strict des attributions de médicaments prévues afin d'éviter les pénuries locales. Les conclusions de l'étude soulignent l'importance du maintien de la distribution en porte à porte de la CPS.
L'étude a été présentée lors de la conférence ASTMH de décembre 2022, puis au Forum EDCTP 3 à Paris en novembre 2023. Elle a été publiée : N Ogbulafor et al : Facilitators and barriers to seasonal malaria chemoprevention (SMC) uptake in Nigeria: a qualitative approach. Malaria Journal (2023) 22:120 https://doi.org/10.1186/s12936-023-04547-w