Présence de l'équipe du projet OPT-SMC à la conférence d'Expertise France

04 déc 2024

Représentée par Dr. Corinne Merle (OMS-TDR) et Dr. André-Marie Tchouatieu (MMV), l'équipe de l'OPT-SMC a prodigué des formations et participé au comité scientifique d'une formation organisée par Expertise France sur le changement climatique et le paludisme.

Les liens qui unissent le paludisme et le climat sont complexes et multiformes. Or, les responsables des programmes nationaux de lutte contre le paludisme, qui sont confrontés au quotidien aux écueils qui accompagnent cette lutte, ne réussiront à vaincre cette maladie qu'en maîtrisant parfaitement ces liens. Pour y parvenir, il est essentiel de réunir des experts en épidémiologie du paludisme, en entomologie et en climatologie afin d'étudier ces interactions et d'établir des cadres de collaboration visant à inverser les tendances du paludisme face aux réalités du changement climatique.

À ces fins, Expertise France, agence publique française spécialisée dans la coopération technique internationale, a organisé un programme de formation sur une semaine, consacré au paludisme et au changement climatique. Organisée en collaboration avec l'Institut des sciences appliquées INES-Ruhengeri au Rwanda, cette initiative a eu lieu sous l'égide de L'Initiative, organisme qui collabore étroitement avec le Fonds mondial afin d'accélérer la lutte contre les pandémies et d'améliorer l'accès à la santé dans les pays partenaires. La formation a rassemblé des participants venus de 19 pays d'Afrique francophone dans le but de sensibiliser les programmes nationaux de lutte contre le paludisme (PNLP) à la problématique des interactions entre le paludisme et le changement climatique, tout en les dotant de stratégies concrètes à mettre en œuvre dans leurs contextes respectifs.

Cette formation avait pour principaux objectifs :

  • Renforcer la collaboration entre les programmes de lutte contre le paludisme et les services météorologiques.
  • Promouvoir l'intégration des indicateurs environnementaux au système d'information sanitaire le plus répandu, à savoir DHIS2.
  • Encourager l'adoption d'approches de modélisation sur mesure afin de mieux répondre à l'évolution des modes de transmission du paludisme induits par le changement climatique.

Dans un premier temps, les participants ont pu suivre une session de remise à niveau concernant l'interprétation des données de surveillance. Ils ont ensuite assisté à une présentation des dernières découvertes scientifiques en date en matière d'impacts directs et indirects du changement climatique sur le paludisme. Les représentants des différents pays ont ensuite témoigné des tendances observées et solutions mises en œuvre dans leur pays respectif, ce qui a permis un échange d'expériences, d'initiatives et de bonnes pratiques riche d'enseignements.

Cette formation avait notamment pour objectif de présenter aux participants les principes fondamentaux de la modélisation et sa pertinence pour la surveillance du paludisme. Par le biais d'exercices pratiques, ils ont étudié l'incidence des prévisions climatiques sur les tendances futures en matière de paludisme et leur prédiction. Le programme a rassemblé des experts aux compétences variées : surveillance, entomologie, météorologie, modélisation, méthodologie de recherche et approches multisectorielles. Les participants ont ainsi pu bénéficier de perspectives globales et multidisciplinaires quant aux complexités du paludisme et du changement climatique.

Le Rwanda : un hôte idéal

Si le Rwanda s'est imposé comme hôte, c'est grâce à ses progrès exemplaires en matière de lutte contre le paludisme, désormais en phase de pré-éradication, malgré les menaces liées au changement climatique. Son programme de lutte contre le paludisme a permis la mise en place de sites sentinelles alliant des surveillances épidémiologique, entomologique et météorologique. Les participants ont pu visiter l'un de ces sites qui se trouve à Rwanza et ainsi mieux comprendre l'approche innovante du Rwanda.

Organisation et animation de la formation

Outre les membres du comité du projet OPT-SMC de MMV, de TDR et de l'Université de Thiès, d'autres membres du comité scientifique étaient issus des organismes suivants :

  • Programme mondial de lutte contre le paludisme de l'OMS
  • Rwanda Biomedical Center (RBC)
  • Quality & Equity Healthcare Rwanda
  • CS4ME (plateforme internationale de la société civile visant à l'éradication du paludisme)

Ce comité a joué un rôle essentiel dans l'élaboration du programme et la sélection des intervenants. Il s'est également efforcé d'établir des ponts avec les programmes nationaux de lutte contre le paludisme.

D'autres formateurs provenaient d'un vaste éventail d'institutions de renom, dont :

  • International Centre for Theoretical Physics (ICTP), Trieste, Italie
  • Swiss Tropical and Public Health Institute (Swiss TPH), Suisse
  • Ministère de la santé, Cambodge
  • Institut de recherche pour le développement (IRD), France
  • Université Cheikh Anta Diop (UCAD), Dakar, Sénégal
  • CS4ME
  • Institut Pasteur du Madagascar

En conclusion, cette formation a souligné la nécessité d'établir urgemment une collaboration multidisciplinaire afin d'aborder la problématique des interactions entre le paludisme et le changement climatique. En dotant les PNLP de connaissances et d'outils, elle a établi les fondements indispensables à l'élaboration de stratégies innovantes et adaptatives destinées à atténuer les effets du changement climatique sur les tendances du paludisme et à renforcer ainsi la lutte mondiale contre cette maladie persistante.